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Que penser des contrats Coraly’s de Aristophil ? Mon avis

18 janvier 2013 par Benjamin CLAVEL

manuscrit ancien

(edit: vous trouverez en fin d’article le droit de réponse d’Aristophil) Vin, forêts, ou même immobilier à l’étranger, les placements qui sortent de l’ordinaire attirent toujours l’attention de certains particuliers  déçus par l’immobilier ou la finance et je suis régulièrement sollicité sur le sujet. Aujourd’hui j’ai décidé de vous donner mon avis sur un investissement dans les lettres et manuscrits anciens: Coraly’s proposé par Aristophil. J’ai en effet pu me procurer un dossier de souscription complet pour la collection « Emilie, Newton et les scientifiques », voyons un peu quels sont les avantages et inconvénients de cette formule d’investissement.

Le principe: l’achat d’une collection d’oeuvres d’art en indivision

Le principe cette convention Coraly’s est le suivant: la société Aristophil constitue une collection de manuscrits anciens et la revend sous formes de parts d’une indivision. Les investisseurs sont donc « co-propriétaires » de cette collection.

Dans le cadre de l’indivision « Emilie, Newton et les scientifiques » la collection, évaluée à 11 100 000 Euros est divisée en 740 parts de 15 000 €.  Bien entendu une liste complète des oeuvre constituant la collection est jointe au dossier de souscription, et on y retrouve aussi bien des écrits d’Emilie du Châtelet que de Voltaire ou Albert Einstein. N’étant pas moi même un connaisseur de ce marché bien particulier des manuscrits anciens j’ai toutefois du mal à appréhender la valeur marchande des ces oeuvres.

C’est à mon sens un des premiers écueils de ce placement: Aristophil estime la collection à 11 millions d’Euros mais l’investisseur particulier sera bien en peine de vérifier cette estimation…

A noter: l’achat de parts d’indivision se fait sans frais apparents mais bien entendu il faut bien rémunérer le commercialisateur et on peut supposer qu’Aristophil ne travaille pas non plus bénévolement. Les frais sont donc packagés dans l’offre ce qui les rend difficiles à appréhender : à combien s’élévent-ils en réalité ? mystère…

 

La collection est conservée par Aristophil

Bien entendu les investisseurs ne reçoivent pas chez eux une partie des manuscrits: chacun signe un « contrat de garde et de conservation » par lequel il confie à Aristophil le soin de conserver la collection. C’est à mon sens une bonne chose puisque cela limite considérablement les risques de détérioration. La collection est en effet conservée dans des coffres sécurisés et assurée auprès des Lloyd’s. Aucun risque que celle-ci disparaisse donc.

Il est par ailleurs prévu dans ce contrat que pendant le temps que dure cette convention de conservation Aristophil est libre d’effectuer des publications concernant la collection, d’éditer tout ou partie de celle-ci sous forme d’autographies ou encore d’exposer la collection dans des musées en France ou à l’étranger.

Tous les manuscrits ne resteront donc pas nécessairement dans des coffres mais l’assurance souscrite auprès des LLoyd’s (dont on pourra regretter que le contrat ne soit pas annexé au dossier de souscription) est censé couvrir « tous les risques » donc à priori pas de problème à attendre de ce coté là.

A noter: là encore la convention de conservation ne mentionne aucun frais. Pourtant rien n’étant gratuitement dans ce bas monde (Aristophil doit payer des coffres, une assurance, … et gagner de l’argent) on peut supposer que là encore tout est inclus dans le prix d’acquisition sans aucune transparence sur le montant réel de ces frais annuels.

 

Un rendement non garanti

La convention de conservation, d’une durée de 5 ans, prévoit à l’article VI que:

« Le Propriétaire promet unilatéralement de vendre à la société la collection dont il est propriétaire au terme des 5 ans du contrat de garde et de conservation »

Puis plus loin dans le même article:

Le « prix ne pourra en aucun cas être inférieur au prix d’achat majoré de 8,75 % par an de la valeur déclarée au départ »

C’est donc uniquement le Propriétaire qui s’engage unilatéralement à vendre et non pas Aristophil  qui s’engage à racheter. Cette promesse unilatérale de vente, qui s’exerce à l’issue de la durée de la convention de conservation a une durée de 3 mois.

Le rendement et le capital ne sont donc pas garantis.

 

Une fiscalité favorable

La fiscalité s’appliquant aux conventions Coraly’s est la suivante:

  • exonération d’ISF >>> le capital investi n’est pas assujetti à l’Impôt de la Solidarité sur la Fortune
  • lors de la revente une taxe forfaitaire de 5 % est due sur le prix de vente
Les manuscrits anciens bénéficient donc d’une fiscalité attractive.

Un marché qui n’est pas sans risques

Le marché des manuscrits anciens n’est pas dénué de risques, puis comme tout marché les prix peuvent fluctuer à la hausse comme à la baisse. Certes depuis un certain nombre d’années les prix ont eu tendance à progresser, mais on gardera bien en tête que « les performances passées ne préjugent pas des performances futures ».

Quand on sait qu’Aristophil, mais aussi les autres acteurs qui se sont lancés sur ce marché avec des offres relativement similaires (Artecosa par exemple), ont injectés des sommes colossales sur ce marché on peut toutefois se poser des questions. Rien que pour Aristophil il apparaît que leur collection est assurée pour une valeur de l’ordre de 400 millions d’Euros auprès des Lloyd’s ce qui nous permet d’avoir un ordre de grandeur des sommes investies. Au final est-ce que la hausse du prix des manuscrits anciens constatée ces derniers temps dans les salles des ventes est liée à une vraie tendance du marché ou bien à un simple afflux anormalement élevé de capitaux qui aurait alimenté une bulle ?

Difficile à dire pour le moment, seul l’avenir nous le dira…

 

Bilan:

C’est un produit que je n’ai pas souhaité proposer à mes clients car il y a trop de points que je ne maîtrise pas:

  • quelle est la valeur réelle de la collection ? (je ne suis pas personnellement assez connaisseur pour le dire)
  • quel est le montant des frais réellement supportés par l’investisseur ?
  • le marché des manuscrits anciens ne risque t-il pas de baisser après tant d’années de hausse ?
  • pourquoi est-ce l’investisseur qui s’engage à vendre sa collection à Aristophil au terme et non la société qui s’engage à acheter ?
  • Aristophil sera t’elle toujours en mesure  de racheter les collections si le marché s’effondre ?

C’est un investissement qui peut cependant avoir éventuellement sa place dans le patrimoine d’un investisseur connaisseur et fortuné qui peut se permettre, en cas de retournement du marché, de ne pas être en mesure de récupérer son capital.

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DROIT DE RÉPONSE de la société ARISTOPHIL – 1er mars 2013

La société ARISTOPHIL existe depuis 1990.

Elle est un marchand de lettres et manuscrits rares qui propose de surcroît la garde, la conservation sécurisée et l’exposition des œuvres acquises par ses clients.

Les clients sont pleinement propriétaires de leurs acquisitions. L’évolution de la valeur de leurs biens est à leur bénéfice ou à leur risque.

· Les contrats de vente et les contrats de garde et de conservation proposés sont totalement transparents et conformes à la législation en vigueur.

· ARISTOPHIL contribue par ses publications et ses musées à faire connaître et à promouvoir les lettres et manuscrits qu’elle vend.

· ARISTOPHIL ne garantit aucun rendement et s’est simplement contentée de faire une étude de l’évolution constamment positive du marché des lettres et manuscrits. Elle ne promet pas de racheter les œuvres qu’elle vend mais facilite la mise en contact des revendeurs et des acheteurs.

· La possibilité d’achat (avec un droit de préemption accepté par le propriétaire) par Aristophil au terme des 5 à 7 ans établis lors de la signature du contrat de garde et de conservation n’est que l’une des solutions de revente qui s’offrent au propriétaire, nous nous étonnons qu’elle soit mise en exergue dans cet article et qu’il soit souligné que le rendement et le capital ne sont pas garantis, alors que bien d’autres investissements comportent un risque similaire voire plus élevé, sans même la perspective d’évolution positive particulière au marché des manuscrits.

Aristophil rappelle également que tous les manuscrits qu’elle détient au nom de ses acquéreurs sont assurés par la compagnie internationale Lloyd’s, une des plus respectables et des plus sérieuses du marché. Il est évident que cette compagnie n’assurerait pas des opérations qui lui sembleraient douteuses, notamment quant à la valeur réelle des collections qui semble mise en doute dans cet article. La garantie ainsi accordée est une confirmation de plus, du sérieux des activités de la société Aristophil et de ses musées et non, comme le suggère l’article, un sujet d’inquiétude.